La fascination pour l'Orient

Le XVIII^e siècle s'intéresse très fortement à l'Orient dont il ne distingue pas encore les différentes régions (le Proche-Orient, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient) ni leurs particularités géographiques et socioculturelles, mais qu'il se représente comme une contrée exotique, pleine de mystères. La France renforce, à cette époque, ses liens commerciaux avec l'Orient, en particulier grâce à la Compagnie française des Indes orientales, compagnie coloniale. Ces échanges favorisent la découverte de produits exotiques comme le thé, le café et les épices, très appréciés par la noblesse. Louis XIV et Louis XV cherchent à créer des alliances diplomatiques avec l'Empire ottoman, ce qui renforce la curiosité et la fascination des Français à l'égard des mœurs et de la culture ottomanes. 

La mode orientale influence la mode française : les nobles aiment la soie, les motifs orientaux et adoptent des accessoires comme le turban ou le caftan. La lecture des œuvres de Montesquieu (Les Lettres persanes) ou des contes de Voltaire (Zaïre, Candide, La Princesse de Babylone) favorise cet attrait pour l'Orient qui inspire ainsi de nombreux artistes et écrivains. Les « turqueries » (œuvres d'inspiration orientale) deviennent fort populaires. Des savants et des voyageurs commencent également à étudier les langues, les religions et les cultures orientales, jetant les bases des études orientales en Europe. 

L'engouement pour l'Orient au XVIII^e siècle témoigne d'un réelle fascination pour l'exotisme et pour l'ailleurs que représente l'Orient, mais aussi d'une volonté d'expansion économique et culturelle de la France. Les œuvres d'art véhiculeront ainsi des stéréotypes sur l'Orient (despotisme politique, sensualité féminine) qui ne seront que le reflet des dynamiques de pouvoir de l'époque. Comme l'a mis en lumière Edward W. Saïd, ces œuvres nous montrent le plus souvent un « Orient inventé par l'Occident ».